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Les Vikings de Novgorod

  • Flammarion - 24 mars 2010

  • J'ai Lu - 20 février 2013

859. Depuis les îles scandinaves, le Viking Rourik embarque avec ses frères et sa flotte pour Novgorod. Quelles sont ses motivations réelles ? Pour quelles raisons Gostomysl, qui règne sur la cité slave, a-t-il fait appel à son ennemi d’hier ? Qui cherche à ébranler le pouvoir du vieux prince ? Les Krivitches, qui menacent les frontières ? Ou bien ses propres seigneurs, complotant au sein même du kremlin ?
Pourquoi Oumila, la fille de Gostomysl, s’obstine-t-elle à rejeter Rourik, alors que son cœur lui ordonne le contraire ? Devrait-elle écouter les sages conseils de Viedma, la sorcière de la forêt ? Et la prophétie qui pèse sur les épaules de la jeune femme s’accomplira-t-elle ?

Extrait

Rourik eut la sensation de pénétrer sur un territoire hostile, sauvage. La Volga pouvait se montrer impitoyable, mais elle appartenait à ces grandes forces avec lesquelles il est toujours possible de composer, pour peu qu’on voulût bien y mettre la considération et la prudence nécessaires. La Cheksna, elle, ne répondait à aucune loi. Il la sentait capricieuse, vicieuse même. Il avait parcouru tant de rivières, qu’il pouvait les deviner, à leur murmure, à leur odeur, leur couleur. Ainsi la Mologa n’était pas une commode. Rude, entêtée, elle n’avait pas ménagé les navigateurs. Elle ne les avait pas trahis non plus. Elle rappelait ces grosses filles des fermes frisonnes, promptes à jurer et à cogner comme des hommes si on les importunait. Mais une fois qu’on les avait amadouées, elles se laissaient trousser, sans y mettre plus de manières, dans n’importe quelle meule de foin, avec des soupirs rauques et résignés.

La Volga était une reine au caractère bien trempé. Exigeante, mais disposée à épargner ceux qui lui faisaient humblement allégeance. La Cheksna, c’était autre chose. Une traînée aux effluves métalliques dont il fallait se méfier, toujours prête à porter un coup en traîtresse. Parfois son courant devenait si dur, si serré, que les hommes devaient peser de toutes leurs forces afin d’y enfoncer les pales de leurs rames. Juste après, quand elle offrait un passage plus facile, c’était pour glisser insidieusement sous les coques un rocher à l’arête acérée, à fleur d’eau. Ailleurs, elle devenait limoneuse, livrant au hasard les noirs secrets de son lit, un cadavre d’aurochs, un tronc pourri, une épave à la dérive. Cependant, Rourik ne la redoutait jamais autant que lorsqu’elle se montrait séductrice, riante dans sa robe irisée du reflet vert et brun des arbres courbés au-dessus d’elle.

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