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L'Aigle de Constantinople

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L'Aigle de Constantinople

  • Flammarion - Février 2008

Princes de haut lignage, les cousins Andronic et Manuel Comnène ont en commun la beauté, la hardiesse et l’ambition.

En avril 1143, quand Manuel est soudain appelé à régner sur l’Empire byzantin, Andronic se trouve rejeté dans l’ombre. Leur affection va-t-elle dès lors résister à l’impitoyable jeu du pouvoir ?

Tandis que Manuel s’affirme en basileus tout puissant, Andronic, tour à tour traître et trahi, encensé et haï, s’engage dans un incroyable périple, qui le conduira de prison en exils, de pays en pays, de femme en femme. Des Carpates au Caucase, des rives du Jourdain à celles du Tigre, à Jérusalem, Damas ou Bagdad, Andronic poursuit cependant un seul rêve, conquérir la reine des cités, Constantinople.

Extrait I

Andronic et Théodore exploraient les pièces avoisinantes quand le bruit d’une dispute violente les attira dans le vestiaire. Trois serviteurs s’invectivaient.
— Une datte ! Tu perds la tête, personne n’a jamais vu de serpent au pied d’un dattier. Du reste, comment serait-elle allée la cueillir sa datte là-haut, notre mère Ève ?
— Moi, j’ai entendu un saint homme affirmer que le fruit défendu du Paradis serait un abricot.
— Un abricot ? Ton moine a oublié de lire la Sainte Bible ! Adam se serait couvert les parties intimes avec une feuille d’abricotier alors ? Mon pauvre ami, tous les hommes ne sont pas aussi mal outillés que toi !
— Les Latins croient que c’était un pommier.
— Les Latins sont seulement stupides et ignorants. Et moi je parie que ta langue est plus longue que ta…
— Taisez-vous donc ! Quel fruit, quand il est mûr, s’ouvre comme une plaie sur un secret rouge et parfumé, si semblable à un autre, dans lequel on ne met, ma foi, pas que la langue ? La figue ! C’est bien le figuier, avec ses larges feuilles, l’arbre de la Tentation au Jardin d’Éden.

Extrait II

A l’observer, Andronic devinait la solitude de Théodora, dans ce rôle de souveraine déchue, contrainte encore pourtant par les devoirs de son rang. D’où sans doute cette expression nostalgique qu’elle avait souvent, cette résignation qu’elle ne parvenait pas à masquer complètement. Il se sentait de plus en plus ému par ce regard, ce buste menu, le balancement de ces hanches un peu larges… Il se retrouvait comme en un pays connu dans la grâce de ses gestes lents, la manière dont elle dissimulait ses rires trop rares derrière un pan de son vêtement, son ton toujours mesurée. Il avait déjà oublié Philippa, séduit par la retenue et la délicatesse de sa cousine, qui semblait suspendre le temps.

Ils prirent l’habitude d’aller se promener sur le port. Andronic aimait regarder Théodora pendant qu’elle se laissait absorber par le spectacle des navires que l’on chargeait ou déchargeait, des marchands venus négocier âprement, des portefaix dont les jurons sonores éclaboussaient les quais de mille couleurs. Parmi les ânes, les mules et les chameaux, on voyait parfois des animaux extraordinaires, perroquets, girafes, singes ou éléphants d’Afrique. Les pastèques, les oranges et les melons chauffaient au soleil à côté de barriques de viande salée aux relents de pourriture. Des enfants chassaient à grands coups de bâtons les chiens errants et les chats en maraude. La brise gonflait le voile et la cape de Théodora, comme pour l’emporter au loin.

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